Prophétie et révolution :
La purification du Temple et l’inauguration du règne

Théophanie

   À la Dédicace du Temple de Salomon, la venue de Dieu fut reconnue grâce aux deux mêmes signes ritualisés que dans la théophanie du Sinaï : la nuée et le tonnerre.
   Ici la nuée fut l’encens, et le tonnerre le son de la trompette entonnant le psaume de l’alléluia (Ex 19:16 ; 1 R 8:10-12). Peut-être Jésus avait-il pensé s’inspirer de ce récit. Comme Salomon, il serait intervenu pour prier Dieu et raconter l’itinéraire qui l’avait conduit à cette nouvelle Dédicace du Temple : la révélation de Dieu à Osée, le retour de Dieu, sa nouvelle alliance avec ses enfants, le rassemblement de tous ses enfants comme des frères, ainsi que la nouvelle charte de l’alliance, exprimée par les paraboles et fondée sur l’interprétation de la Loi de la création. Il aurait alors nommé les douze comme juges des douze tribus d’Israël.

   Il n’est pas impossible que le Psaume 118 ait été chanté à cette occasion. Deux vers de ce psaume revêtent une particulière importance. « La pierre rejetée des bâtisseurs est devenue la tête de l’angle » (Ps 118:22). Dans l’évangile de Matthieu, Jésus prononça ces paroles à la fin de la parabole des vignerons. Si Jésus avait eu l’idée de ce psaume pour la Dédicace, il est imaginable qu’il ait pu voir dans « la pierre rejetée par les bâtisseurs » les juges, dont le régime fut rejeté par le peuple pour se donner un roi. Dieu choisissait ainsi comme pierre de faîte de son royaume les juges et non les rois. Rien ne s’oppose également à ce qu’il se soit lui-même reconnu dans les paroles de ce psaume chanté par le peuple « Béni soit au nom de Yahvé celui qui vient » (Ps 118:26), sans supposer pour autant qu’il se soit reconnu roi.